Dix jours en transsibérie

Après ce formidable voyage dans le voyage au Kirghizistan, nous voici chargés à bloc pour affronter cette bonne semaine de trains.

Nous repassons la frontière kazakhstanaise, notre première frontière encombrée, pour une pause de quelques heures à Almaty. Aucun doute sur comment passer ces heures : on file droit vers notre repère, pour y boire notre boisson favorite : du thé d’argousier (une belle poignée de baies d’argousier, des clous de girofle, de la cannelle, du sirop d’érable, de l’eau chaude et le tour est joué. En théorie!).

Puis c’est parti pour notre première étape : Almaty (Kazakhstan) – Novossibirsk (Russie). Nous aurons pour chaque train un wagon 3ième classe, soit environ 50 couchettes avec alcoves mais sans cloisons. Nous partageons notre wagon avec tout un groupe d’enfants qui viennent de remporter le premier prix d’un concours de danses/chants traditionnels. Le passage de frontière était le plus strict de tous ceux que nous avons fait : les douaniers ont utilisé beaucoup d’outils pour contrôler nos passeports, et notamment le mien qu’ils ont gardé longtemps, en appelant des collègues pour qu’ils viennent voir…avant de me le rendre 10 minutes plus tard en riant. Je crois qu’ils prenaient du temps pour juste se moquer de ma photo finalement… Puis une première pause à Novossibirsk où nous arrivons à 9h après 2 nuits et 1 jours dans le train ; nous repartons ce soir à 23h. La ville nous est très agréable. Nous vadrouillons à la recherche d’un cybercafé (une espèce apparemment éteinte) et tombons sur une bibliothèque ? Ou une université ? Toujours est-il qu’en mimant un ordinateur, le personnel comprend et sans autre question sur qui nous sommes, nous débarasse de nos sacs et nous accompagne dans une salle avec des PC. Nous repartons deux heures plus tard impressionnés par cette facilité !

Deuxième étape : Novossibirsk – Irkoutsk (2 nuits 1 jour). Ça commence, le paysage de plaines avec bouleaux et sapins infinies. Je crois que je les ai rêvés ces paysages froids d’automne et la réalité est à la hauteur chaque jour ! Nous arrivons tôt le matin à Irkoutsk. Notre plan initial était de camper au lac Baikal, puis de reprendre le train le lendemain soir, mais devant notre état de refroidissement avancé (il y a 3 jours il faisait 25°C, dans le train il fait 27°C, dehors il fait désormais -3°C en ressenti), on préfère acheter un bonnet, aller en auberge de jeunesse et visiter la ville, et voler (sans faire exprès, promis, on a ensuite réparé notre méfait) des cacahuètes. L’architecture change par rapport à Novossibirsk, avec des maisons en bois et des encadrures de fenêtres curieuses qui m’évoquent bizarrement le midwest américain. Le lendemain, on fait l’aller-retour pour aller voir le lac Baikal, puis c’est reparti pour notre dernière étape !

Ne dirait-on pas un peu la côte bretonne ?

Troisième étape : Irkoutsk – Vladivostok (4 nuits 3 jours). Encore nos plaines infinies et parfois de la neige ; des rencontres avec la jeunesse post-URSS dans notre alcove ; des soupes en sachet et des beignets aux pommes de terre entre chaque thé. C’est sur ces thématiques que nous arrivons à Vladivostok, le terminus, à 6h du matin. On y est. La mer, partout. Le port, au milieu. L’extrême orient du pays le plus oriental de l’Europe, une terminaison de notre continent ! Bien que ça n’était pas mon rêve, ça fait clairement quelque chose d’arriver là.

Petite disgression : on est souvent pétris de préjugés. Parfois sans le savoir. On entend parler de la Russie dans les cours d’histoire, dans les infos ; on rencontre peut-être une ou deux personnes russes ; on lit parfois des auteurs russes ; on romantise le Transiberien. Tous ces élément crééent inévitablement une image mentale de la Russie. Et en passant par les pays de l’ex-URSS, cette image se renforce bien évidemment, pas forcément en positif. Puis on arrive en Russie. Et on se prend une petite claquounette. On réalise nos deux terribles erreurs : d’abord on a créé cette image mentale sur des dires, et surtout nous avons imprimé notre image du pays (et surtout de son gouvernement) sur chaque personne, chaque ville. Et nous ne sommes probablement pas les seuls, car j’ai bien l’impression que les russes ont internalisé l’idée que les autres ne les aiment pas. Tout ça pour dire que j’ai été agréablement surprise par le peu de ce que j’ai vu de la Russie et des russes (à relativiser évidemment : nous n’avons vu que 3 villes et ne parlons que 50 mots de russe), que je suis contente de m’être défaite de préjugés que je ne pensais pas avoir, et surtout que les beignets aux pommes de terre vont me manquer !

Mélanie

5 réflexions sur “Dix jours en transsibérie

  1. 4 mois de périple, de rencontres, de découvertes, de remises en question, pour arriver tout au bout du bout de notre monde : BRAVO
    Un super grand merci pour nous avoir permis de s’évader avec vous, et vivement des nouvelles de nos amis Nippon, certainement une belle claque culturelle!

  2. Bravo·a pour votre blog.
    Beaux textes, belles photos, belle aventure
    Votre long silence entre les dernières nouvelles kazak et les nouvelles kirgiz était flippant.
    L’épisode kirgiz a été extraordinaire.
    Une expérience que vous nous avez fait vivre incroyablement.
    Merci.
    Et aussi merci pour Jupiter et Saturne .
    Dider K et consort

    1. Coucou ! Wow j’avais pris un peu de retard dans vos aventures!
      Quelle affaire ce voyage… Camille à mes côtés s’étonne de l’absence de précisions sur l’odeur de pieds dans le wagon aux 50lits…
      Pour ma part je voudrais bien connaître le détail de l’histoire des cacahuètes. C’est dans les détails qu’on peut éprouver un peu ce que vous vivez.
      Gros bisous

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